35: Anomalies du prépuce
Ce chapitre prendra environ 17 minutes de lecture.
Embryologie
L’embryologie des organes génitaux externes masculins est un processus complexe. Avant la neuvième semaine de gestation, le développement des organes génitaux externes est similaire dans les deux sexes. Entre la 9e et la 13e semaine de gestation, la production de testostérone par les cellules de Leydig, sa conversion en dihydrotestostérone (enzyme 5α-réductase) et l’interaction avec les récepteurs aux androgènes entraînent la différenciation normale du tubercule génital, des plis et des bourrelets.
La stimulation androgénique entraîne l’allongement du tubercule génital ainsi que la fusion des plis urétraux, créant l’urètre de proximal en distal. Le prépuce se forme entre la 13e et la 18e semaine de gestation, chevauchant le développement de l’urètre. Les plis préputiaux se déplacent de la base de la hampe vers l’extrémité distale jusqu’à leur fusion avec le gland, créant le raphé médian. La desquamation normale ultérieure de la fusion épithéliale entre le gland et le prépuce permettra la séparation du prépuce et sa rétraction ultérieure.1
Phimosis
Le phimosis est l’impossibilité de rétracter le prépuce découvrant le gland. Le phimosis physiologique existe en raison d’adhérences naturelles entre la peau préputiale interne et le gland et, dans certains cas, de la présence d’un anneau constrictif (Figure 1). La séparation normale est produite par l’accumulation physiologique de débris épithéliaux appelés smegma et par des érections intermittentes au cours des premières années de vie.
Figure 1 Phimosis physiologique chez un garçon de 1 an.
Le phimosis physiologique diminue avec l’âge : seuls 10 % présenteront encore cet état à l’âge de 3 ans et moins de 1 % à 17 ans. Le phimosis primaire se résout généralement spontanément pendant l’enfance.1,2
Il est important de différencier le phimosis des adhérences glandulaires (adhérences glandulo-préputiales) qui correspondent à des accolements entre le feuillet interne du prépuce et le gland. Elles peuvent également être secondaires, classiquement après une circoncision, entre la ligne d’incision et le gland. Les adhérences physiologiques se résorbent spontanément en raison de la séparation épithéliale et des érections au cours de l’enfance. Chez les patients présentant des adhérences préputiales asymptomatiques, il convient d’éviter la rétraction manuelle du prépuce. Plus rarement, des adhérences persistantes chez des patients plus âgés peuvent être lysées au cabinet après application d’antalgiques topiques.1,2
Le phimosis secondaire peut résulter de différentes causes telles que des rétractions forcées et traumatiques avec formation cicatricielle secondaire ou la présence d’une balanite xérotique oblitérante (BXO) (Figure 2). La prévention du phimosis secondaire, en évitant les rétractions forcées, devrait être préconisée lors de la consultation.
Figure 2 Balanite xérotique oblitérante.
Différents systèmes de classification ont été proposés pour classer la sévérité du phimosis. L’un d’entre eux est celui proposé par Sookpotarom et al, qui va du grade 0 avec une rétraction complète et totale du prépuce jusqu’à un grade sans rétraction (grade 5) (Figure 3).3
Figure 3 Échelle de cotation de la rétraction en cas de phimosis par Sookpotarom et al.
Les affections liées au pénis non circoncis sont présentées ci-après.
Balanite et posthite
Il s’agit de processus inflammatoires du gland et du prépuce, respectivement, secondaires à une mauvaise hygiène chez un patient présentant un phimosis. Ces affections surviennent souvent simultanément. Une hygiène méticuleuse est la pierre angulaire de la prévention. Des antécédents de ces épisodes devraient inciter à une prise en charge préputiale renforcée.
Paraphimosis
Il s’agit du blocage du prépuce derrière le gland, provoquant douleur, tuméfaction, œdème et même nécrose du prépuce s’il n’est pas réduit à temps (Voir plus loin paraphimosis).
IVU
Le phimosis entraîne une colonisation de la peau préputiale interne et de la région périméatique par des uropathogènes, augmentant le risque d’infection urinaire (IU). La circoncision réduit ce risque d’IU, avec un risque relatif de 4,5 chez les nourrissons non circoncis par rapport aux circoncis âgés de < 1 mois, et un risque relatif de 3,7 au cours de la première année de vie. Le nombre nécessaire pour traiter calculé est supérieur à 100 pour prévenir une IU, mais ce nombre diminue à 4 chez les garçons présentant un reflux vésico-urétéral (VUR) dilaté (grade 3–5). Les patients présentant un phimosis plus sévère ont également une prévalence accrue d’IU par rapport aux patients ayant un phimosis de grade léger.4,5 La circoncision devrait être envisagée comme une option chez les patients présentant un VUR afin de réduire le risque d’IU, selon l’American Urological Association.4
Cancer
Le phimosis a été décrit comme un facteur de risque important du carcinome pénien.1
Traitement
Chez les patients asymptomatiques présentant un phimosis physiologique, la prise en charge active devrait commencer après l’âge de 2-3 ans ou selon la préférence des responsables de l’enfant.2 Une prise en charge médicale ou chirurgicale du phimosis devrait être encouragée dans certaines situations telles que : posthite, balanite, phimosis secondaire, BXO ou infections urinaires récidivantes.
Traitement médical par corticostéroïdes topiques
La prise en charge préputiale combinée associant l’utilisation d’un corticoïde topique et la rétraction manuelle a montré un taux de succès élevé.2 La crème de bétaméthasone (0,05 %) est l’un des traitements topiques les plus fréquemment utilisés dans le phimosis primaire symptomatique ou persistant, en l’absence de modifications pathologiques du prépuce. Le mécanisme physiologique serait secondaire à l’amélioration de l’élasticité de la peau préputiale.
L’Association européenne d’urologie recommande l’utilisation de corticoïdes topiques en cas de persistance d’un phimosis physiologique avec un taux de succès de 80 % et un taux de récidive de 17 %.2 Le protocole le plus courant consiste à appliquer une pommade deux fois par jour pendant une durée minimale de 4 à 8 semaines.
Circoncision néonatale
La circoncision élective pendant la période néonatale est un sujet de discussion controversé. L’Académie américaine de pédiatrie, dans le rapport du groupe de travail publié en 2012, a souligné que la circoncision systématique ne doit pas être recommandée pour tous les nouveau-nés de sexe masculin, mais que les bénéfices sont suffisants pour justifier l’accès à cette procédure pour les familles qui l’envisagent.1
L’un des points les plus importants lors de la réalisation de ce type de circoncision concerne l’analgésie et l’anesthésie locale. Différentes options sont recommandées, telles qu’un anesthésique topique, un bloc du nerf dorsal du pénis ou un bloc circonférentiel du pénis. Plusieurs techniques et dispositifs ont été développés pour faciliter cette procédure, tels que la pince de Gomco, la pince de Mogen et le dispositif Plastibell.
Il est impératif de ne pas pratiquer la circoncision néonatale chez les patients présentant d’autres affections urologiques qui nécessiteront un prépuce intact pour leur correction chirurgicale ultérieure, comme l’hypospadias. Afin d’exclure ce type d’anomalies, un examen génital approprié comportant un décollement complet du prépuce par rapport au gland doit être réalisé avant la procédure.
Balanite xérotique oblitérante
BXO (également appelé lichen scléreux) est une maladie inflammatoire chronique qui peut toucher le prépuce, le gland et l’urètre. Le nom dérive des trois composantes de la maladie, qui sont balanite (inflammation chronique du gland), xérotique (aspect anormalement sec de la lésion) et oblitérante (association à une endartérite occasionnelle).6
L’incidence rapportée est de 0,4 cas/1000 garçons par an et la prévalence publiée du BXO chez les patients présentant un phimosis varie entre 9 et 50 %. L’âge moyen à la présentation a été rapporté comme étant de 8,9 à 10,6 ans, avec un pic d’incidence entre 9 et 11 ans.7,8,9
Dans une publication récente de Filho et al., la BXO a été diagnostiquée histologiquement chez 32 % des patients atteints de phimosis sans suspicion clinique de BXO après circoncision. Le degré de phimosis n’était pas corrélé à la présence de BXO.7,9
Le diagnostic est essentiellement clinique. Dans les formes légères de BXO, des zones de décoloration blanc grisâtre sur le gland ou la face interne du prépuce peuvent être observées (Figure 2). À mesure que cette affection progresse, la peau devient inélastique, avec des plaques blanchâtres décolorées, ainsi qu’un phimosis fibreux progressif. Dans les cas plus sévères, on peut retrouver une ulcération et une atteinte du méat et de l’urètre.6,9
La plupart des patients pédiatriques sont asymptomatiques, mais certains présentent une dysurie ou des épisodes de rétention urinaire et une ballonisation du prépuce. Le diagnostic est confirmé par l’histologie, révélant une hyperkératose et une atrophie de la couche basale de l’épiderme avec perte des fibres élastiques et altérations du collagène, accompagnées d’une infiltration inflammatoire.
L’étiologie de cette maladie reste inconnue. Des éléments probants étayent l’existence d’un mécanisme auto-immun sous-jacent. Histologiquement, les lésions se caractérisent par une abondance de lymphocytes T cytotoxiques infiltrants et auto-réactifs, ainsi que par un métabolisme altéré de la matrice extracellulaire. Par ailleurs, des auto-anticorps dirigés contre des protéines de la matrice extracellulaire ont été détectés dans le sérum des patients atteints. Des causes infectieuses, une prédisposition génétique, une irritation chronique due à l’exposition à l’urine et des influences hormonales constituent d’autres théories postulées.6
Prise en charge du BXO
Le traitement le plus accepté et recommandé de la BXO est la circoncision, qui peut constituer un traitement définitif dans de nombreux cas (Figure 4). Cependant, un nombre significatif de centres pratiquent une chirurgie conservatrice du prépuce telle qu’une préputioplastie, comme option chirurgicale moins agressive. Wilkinson et al ont rapporté leurs résultats en comparant des garçons atteints de BXO traités par préputioplastie associée à des injections de triamcinolone au sein des lésions en peropératoire à ceux traités par circoncision. Au cours du suivi, 19 % des garçons circoncis ont nécessité une chirurgie méatale ultérieure, contre 6 % de ceux ayant bénéficié d’une préputioplastie. Le taux de succès de la chirurgie conservatrice rapporté était de 81 %.10 Récemment, Green et al ont publié une étude similaire comparant la circoncision et la préputioplastie chez des patients atteints de BXO, ne rapportant pas de différence significative des taux de procédures complémentaires au niveau du méat, de réintervention, d’infection postopératoire ou d’hémorragie secondaire entre les groupes préputioplastie et circoncision. Ils concluent que la préputioplastie avec corticoïdes intralésionnels peut constituer un traitement opératoire de première intention valable pour la BXO.11
Figure 4 Circoncision chirurgicale : (a) L’incision cutanée est réalisée sous l’anneau phimotique (b) Le feuillet interne du prépuce est disséqué du feuillet externe (c) Excision du feuillet interne du prépuce en laissant une collerette muqueuse de 5 mm (d) Suture entre la collerette muqueuse et la peau avec un fil résorbable.
Une revue systématique réalisée par Folaranmi, portant sur la proposition d’utiliser des corticostéroïdes topiques comme alternative à la circoncision, a trouvé que le taux moyen de réussite était de 35 % pour le traitement topique chez les patients atteints de BXO. L’unique essai contrôlé randomisé prospectif, en double aveugle, inclus dans cette revue a montré qu’aucun patient atteint de BXO ne répondait aux corticostéroïdes topiques et que tous nécessitaient une circoncision.9
L’utilisation d’immunosuppresseurs topiques tels que le tacrolimus a également été décrite. Ebert et al ont rapporté que l’application d’une pommade de tacrolimus à 0,1 % après une circoncision entraînait une récidive dans 9 % des cas, laquelle a été traitée avec succès par un nouveau cycle du médicament. Ils concluent que cette thérapie est une option après la chirurgie s’il existe un risque d’évolution compliquée due à une atteinte méatique ou glandulaire.6
Lorsqu’une atteinte méatique liée au BXO est détectée, une endoscopie doit être réalisée afin de déterminer l’extension du processus inflammatoire. Une méatoplastie associée à des corticoïdes topiques ou des immunosuppresseurs est obligatoire dans ces cas.
Chez certains patients, en particulier en cas d’antécédents de sténose méatale récidivante ou de réponse médiocre au traitement local, des interventions chirurgicales reconstructrices utilisant un greffon de muqueuse buccale devraient être envisagées.6
Complications
Le taux de complications de la circoncision a été rapporté entre 0,2 % et 5 %. Des complications peuvent survenir immédiatement après l’intervention ou de nombreuses années plus tard. La complication la plus fréquente décrite est le saignement, plus courant chez les enfants plus âgés. Bien que la compression soit efficace pour contrôler cette complication dans la plupart des cas, une cautérisation peut être nécessaire dans quelques cas (Figure 5).1
Figure 5 Hématome postopératoire. Le saignement est la complication la plus fréquente après la circoncision.
L’ablation excessive de peau après une circoncision peut entraîner un pénis piégé du fait d’une cicatrice rétractile. Il peut être traité par bétaméthasone associée à une rétraction manuelle, en première intention. Dans certains cas, des incisions de décharge ou une réparation chirurgicale formelle avec des lambeaux cutanés peuvent être nécessaires.
La sténose méatique survient presque uniquement chez les patients après une circoncision, et elle est la conséquence d’une réaction inflammatoire locale et de la formation de tissu cicatriciel. Les patients chez lesquels une sténose méatique est suspectée peuvent se plaindre d’une douleur pénienne au début de la miction et/ou d’un jet urinaire étroit.
Paraphimosis
Le paraphimosis est une urgence urologique qui touche les hommes non circoncis, dans laquelle le prépuce est rétracté en arrière du sillon balanopréputial, entraînant une strangulation du gland (Figure 6). S’il n’est pas réduit à temps, le prépuce rétracté peut provoquer un œdème du prépuce et du gland, une congestion veineuse, et, finalement, une nécrose et une gangrène du gland. Cette affection peut survenir à tout âge, mais elle est plus fréquente chez les adolescents, avec une incidence rapportée de 0,7 % chez les garçons non circoncis.12,13,14
Figure 6 Paraphimose.
La prise en charge consiste à réduire l’œdème du pénis et du gland, puis à repositionner le prépuce par-dessus le gland à sa position anatomique. Avant toute manœuvre, il est très important d’obtenir une analgésie adéquate. Les anesthésiques locaux couramment utilisés sont le gel de lidocaïne à 2 % ou la crème EMLA (2,5 % de lidocaïne et 2,5 % de prilocaïne). Des opioïdes par voie orale ou intraveineuse peuvent être utilisés en association avec des anesthésiques topiques afin d’obtenir un contrôle optimal de la douleur.
Plusieurs techniques non invasives ont été décrites pour réduire un paraphimosis. Lorsque les mesures conservatrices échouent, des méthodes plus invasives peuvent être employées (Figure 7).
Figure 7 Algorithme de prise en charge du paraphimosis.
Techniques non invasives:
- Réduction manuelle : Tout d’abord, une pression circonférentielle est appliquée avec une main gantée sur la partie distale du pénis pendant plusieurs minutes pour réduire l’œdème. Après quelques minutes de compression, les deux pouces sont posés en comprimant sur le gland, tandis qu’une contre-traction est appliquée sur le prépuce juste proximalement à l’anneau constrictif serré. Cette technique peut être facilitée par l’application de glace sur la zone quelques minutes avant le début de la manœuvre.
- Bandages compressifs : un bandage flexible auto-adhésif est enroulé autour du pénis en commençant au niveau du gland et retiré après 5 à 20 min. Le bandage génère une pression constante et douce, repoussant les liquides proximalement sous l’anneau tissulaire constrictif serré. Si la réduction spontanée ne se produit pas, une réduction manuelle douce peut être effectuée.
- Méthodes osmotiques : une substance à forte concentration en soluté est utilisée sur la surface du pénis et du prépuce, réduisant l’œdème des tissus et facilitant la réduction. Des compresses imbibées sont enroulées autour du prépuce œdématié, avec une compression manuelle intermittente minimale pendant 1 à 2 heures. Plusieurs substances ont été utilisées pour la réduction osmotique du paraphimosis : sulfate de magnésium glycériné, sucre granulé, solution de dextrose à 50 % et solution de mannitol à 20 %.
Méthodes invasives:
- Technique de ponction: Une aiguille de calibre 26 G est utilisée pour réaliser environ 20 orifices de ponction dans le prépuce, réduisant l’œdème afin de permettre la réduction.15,16
- Aspiration pénienne: un garrot est appliqué au niveau de la hampe du pénis, puis une aiguille de calibre 20 G est insérée parallèlement à l’urètre pour aspirer 3 à 12 ml de sang du gland. Cette procédure réduit le volume du gland afin de faciliter la réduction manuelle.16
- Injections d’hyaluronidase: 1 ml d’hyaluronidase à 150 unités/mL est injecté en 2 ou 3 sites dans le prépuce. L’hyaluronidase dégrade l’acide hyaluronique visqueux du liquide extracellulaire et facilite la dissipation de l’œdème, de sorte que le prépuce puisse ensuite être délicatement rétracté par-dessus le gland.
- Préputioplastie: l’anneau constricteur est identifié et une incision longitudinale dorsale de 1–2 cm est réalisée. La libération de l’anneau constricteur permet la diminution de l’œdème glandulaire, de sorte que le prépuce puisse être réduit. L’incision est ensuite suturée transversalement avec des points résorbables discontinus (Figure 8).15,17
Figure 8 Préputioplastie.
Pénis peu apparent
Il s’agit d’une anomalie pénienne dans laquelle un pénis de longueur normale (de l’extrémité du gland au pubis) et de diamètre de hampe normal, paraît plus petit. Différentes entités sont incluses dans cette définition, telles que le pénis enfoui, le pénis piégé ou le pénis palmé.1,18
Pénis enfoui
Il s’agit d’un pénis normal dissimulé par le coussinet adipeux sus-pubien. On l’appelle aussi pénis enfoui ou pénis caché
Plusieurs catégories différentes ont été décrites selon la cause de l’enfouissement :
- Une forme congénitale avec un défaut de fixation entre la peau et la base du pénis, entraînant un aspect en tente. Son origine embryologique serait secondaire à un défaut de séparation des plans de migration au cours du développement des organes génitaux externes masculins. Cette anomalie entraîne des corps péniens bridés au fascia profond et un scrotum situé haut dans l’aine (Figure 9).
- Deux sous-catégories différentes peuvent être facilement identifiées selon la présence ou non d’un mégaprépuce, qui correspond à l’association d’un anneau phimotique avec un important ballonnement du feuillet interne du prépuce lors de la miction (Figure 10). Ce phénomène peut provoquer un certain inconfort chez le patient. Cette tuméfaction hémisphérique est également appelée vessie préputiale et elle est habituellement constatée par les parents au cours des premiers mois de vie, qui doivent la comprimer manuellement pour permettre l’évacuation des urines par l’orifice phimotique.
- Une forme acquise due à l’obésité (Figure 9). Celle-ci doit être distinguée de la forme transitoire de la petite enfance qui se résout avec l’âge et la déambulation
- Une forme cicatricielle secondaire à des chirurgies péniennes comme la circoncision.
Figure 9 Différentes formes de pénis enfoui : (a) Congénital avec mégaprépuce (b) Secondaire à l’obésité
Une étape importante de l’examen physique consiste à différencier cette entité d’un véritable micropénis, qui présente une longueur du pénis étiré anormale.
Figure 10 Mégaprépuce avec ballonnement du feuillet interne du prépuce pendant la miction.
Prise en charge
Chez les patients présentant un pénis enfoui secondaire à l’obésité, le traitement doit d’abord se concentrer sur la perte de poids, au moyen d’un programme diététique et d’exercices fourni par le médecin traitant.
Chez les patients symptomatiques présentant un phimosis physiologique ou secondaire, la prise en charge devrait être active, avec des corticostéroïdes topiques et une traction manuelle. Chez les patients chez qui ce traitement est inefficace, une correction chirurgicale élective devrait être planifiée à partir de l’âge de 6 mois ou au-delà.
La circoncision standard devrait être évitée dans ce groupe de patients en raison du mauvais résultat esthétique et de la nécessité d’autres interventions à l’avenir.
Diverses techniques de correction chirurgicale de cette malformation ont été décrites, toutes poursuivant les mêmes objectifs :
- Enlever l’anneau préputial sténosé afin de soulager les symptômes mictionnels
- Rétablir les angles pénopubien et pénoscrotal
La principale différence entre ces techniques réside dans la manière d’assurer la couverture du défaut cutané de la hampe pénienne, qui est fréquent chez ces patients.
Techniques chirurgicales utilisant la peau pénienne (Figure 11):
- Une infiltration du paquet vasculo-nerveux dorsal ou un bloc caudal à la bupivacaïne est réalisée selon la préférence de l’anesthésiste et du chirurgien.
- La première étape est la rétraction de la peau, qui peut être obtenue par une incision circonférentielle limitée au niveau de l’anneau étroit du prépuce externe (Figure 11 b).
- Un point de traction est placé sur le gland pour faciliter la dissection.
- La peau préputiale et la tunique du dartos sont disséquées du fascia de Buck, libérant la hampe pénienne de ses attaches anormales.
- Une incision verticale est réalisée dans la partie ventrale de la peau préputiale, permettant une meilleure exposition et une dissection à la base du pénis, près des os pubiens.
- Le prépuce interne est entièrement réséqué, ne laissant qu’un manchon muqueux de 5 mm sous le gland (Figure 11 c-d).
- L’une des étapes les plus importantes consiste à utiliser au moins 3 points d’ancrage (aux positions 3, 9 et 12 heures) entre la peau et le fascia de Buck afin de créer l’angle pénopubien. Nous préférons des sutures non résorbables, telles que le polypropylène 5-0.
- Une incision transversale ventrale au niveau de la jonction pénoscrotale permet de mobiliser la peau scrotale caudalement et de reconfigurer l’angle pénoscrotal après une fermeture verticale (Figure 12 h-i).
- Un pansement compressif est laissé en place pendant une semaine afin de prévenir l’œdème de la plaie et les saignements.
- Dans l’approche anatomique décrite par Smeulders et al., une incision ventrale longitudinale et une incision courbe sur la ligne de jonction pénoscrotale sont réalisées. Puis une dissection profonde du pénis au contact du fascia de Buck est effectuée et le prépuce interne redondant est retiré au ras du sillon. Un lambeau cutané dorsal quadrilatère est amincé et ancré au fascia de Buck, puis enroulé autour du pénis et suturé au manchon muqueux. L’incision ventrale est suturée de façon transversale, créant l’angle pénoscrotal.19
Figure 11 Technique de reconstruction chirurgicale du pénis enfoui avec mégaprépuce en utilisant la peau pénienne : (b) Incision du feuillet externe du prépuce et rétraction du prépuce phimosique (c-d) Excision du feuillet interne du prépuce (une muqueuse ventrale en V est laissée en place en cas de déficit cutané éventuel) (e-f) Ancrage de sutures non résorbables (à 3, 9 et 12 heures) créant l’angle pénopubien (g) Des lambeaux cutanés dorsaux de Byars sont utilisés pour envelopper la hampe pénienne (h-i) Une incision ventrale est réalisée pour créer l’angle pénoscrotal (j) Aspect final.
Techniques chirurgicales utilisant la muqueuse préputiale interne
Le concept consistant à recouvrir la hampe pénienne avec le feuillet interne du prépuce a été décrit pour la première fois par Donahue et Keating en 1986. Les techniques de dépliage facilitent la reconstruction sans tension en utilisant le feuillet interne redondant du prépuce, qui acquerra ultérieurement un aspect prépucial.
Dans la publication de Ruiz et al., une approche simplifiée de cette malformation a été proposée. En utilisant le concept de Donahue du feuillet interne du prépuce, on réalise une fixation du feuillet externe du prépuce au fascia de Buck, et le feuillet interne du prépuce, déplié et ajusté, est utilisé pour recouvrir la hampe pénienne.20
D’autre part, Rod et al soulignent l’importance de réduire le prépuce interne en longueur et en circonférence afin d’éviter un aspect inesthétique. Ils ont également décrit l’importance de retirer le tissu sous-cutané du prépuce interne afin de réduire la probabilité de lymphœdème local.21
La V‑plastie ventrale est une technique combinée où une incision en V est réalisée dans le feuillet préputial interne ventral. Ce feuillet préputial sera laissé en place afin d’être interposé et de faciliter la fermeture cutanée dans la partie ventrale de la hampe (Figure 12).18
Figure 12 Plastie en V ventrale chez un patient plus âgé présentant un déficit cutané ventral sévère.
Une approche en deux temps a également été proposée, dans laquelle une première préputioplastie limitée est réalisée afin de lever l’obstruction à l’écoulement urinaire. Cette approche préserve la peau préputiale et permet un remodelage physiologique à mesure que le patient grandit. Si une seconde intervention est nécessaire, elle sera programmée après l’acquisition de la propreté.
Pénis palmé
Il s’agit d’une affection congénitale où la peau scrotale s’étend jusqu’à la partie ventrale du pénis. Elle est également appelée fusion pénoscrotale. Elle est asymptomatique et entraîne un aspect anormal de la face ventrale du pénis.
La correction chirurgicale consiste en une incision cutanée transversale au niveau de la palmure, créant une séparation entre le pénis et le scrotum, laquelle est refermée verticalement.1,18
[Vidéo 1](#video-1){:.video-link}. Réparation chirurgicale du pénis enfoui
Références
- L. P, J P. Management of abnormalities of the external genitalia in boys. 44: 871–904 10. DOI: 10.1016/b978-1-4160-6911-9.00131-6.
- Hoen LA ’t, Bogaert G, Radmayr C, Dogan HS, Nijman RJM, Quaedackers J, et al.. Update of the EAU/ESPU guidelines on urinary tract infections in children. Eur Urol 2021; 79: S446–s448. DOI: 10.1016/s0302-2838(21)00695-3.
- Sookpotarom P, Asawutmangkul C, Srinithiwat B, Leethochawalit S, Vejchapipat P. Is half strength of 0.05 % betamethasone valerate cream still effective in the treatment of phimosis in young children? Pediatr Surg Int 2013; 29 (4): 393–396. DOI: 10.1007/s00383-012-3253-9.
- AUA Practice Guidelines Committee. Management and Screening of Primary Vesicoureteral Reflux in Children. 2017.
- Holzman SA, Chamberlin JD, Davis-Dao CA, Le DT, Delgado VA, Macaraeg AM, et al.. Faculty Opinions recommendation of Retractable foreskin reduces urinary tract infections in infant boys with vesicoureteral reflux. Faculty Opinions – Post-Publication Peer Review of the Biomedical Literature 2021; 7 (2): 09 1–209 6. DOI: 10.3410/f.739509971.793583981.
- Celis S, Reed F, Murphy F, Adams S, Gillick J, Abdelhafeez AH, et al.. Faculty Opinions recommendation of Balanitis xerotica obliterans in children and adolescents: a literature review and clinical series. Faculty Opinions – Post-Publication Peer Review of the Biomedical Literature 2014; 0 (1): 4–9. DOI: 10.3410/f.718196548.793513188.
- Aziz Filho AM, Azevedo LMS de, Rochael MC, Jesus LE de. Frequency of lichen sclerosus in children presenting with phimosis: A systematic histological study. J Pediatr Urol 2022; 18 (4): 529.e1–529.e6. DOI: 10.1016/j.jpurol.2022.06.030.
- Jayakumar S, Antao B, Bevington O, Furness P, Ninan GK. Balanitis xerotica obliterans in children and its incidence under the age of 5 years. J Pediatr Urol 2012; 8 (3): 272–275. DOI: 10.1016/j.jpurol.2011.05.001.
- Folaranmi SE, Corbett HJ, Losty PD. Does application of topical steroids for lichen sclerosus (balanitis xerotica obliterans) affect the rate of circumcision? A systematic review. J Pediatr Surg 2018; 53 (11): 2225–2227. DOI: 10.1016/j.jpedsurg.2017.12.021.
- Chapple C, Osman N. Faculty Opinions recommendation of Foreskin preputioplasty and intralesional triamcinolone: a valid alternative to circumcision for balanitis xerotica obliterans. Faculty Opinions – Post-Publication Peer Review of the Biomedical Literature 2012; 7 (4): 56–59. DOI: 10.3410/f.724694941.793513186.
- Green PA, Bethell GS, Wilkinson DJ, Kenny SE, Corbett HJ. Surgical management of genitourinary lichen sclerosus et atrophicus in boys in England: A 10-year review of practices and outcomes. J Pediatr Urol 2019; 15 (1): 45.e1–45.e5. DOI: 10.1016/j.jpurol.2018.02.027.
- Burstein B, Paquin R. Comparison of outcomes for pediatric paraphimosis reduction using topical anesthetic versus intravenous procedural sedation. Am J Emerg Med 2017; 35 (10): 1391–1395. DOI: 10.1016/j.ajem.2017.04.015.
- Pohlman GD, Phillips JM, Wilcox DT. Simple method of paraphimosis reduction revisited: Point of technique and review of the literature. J Pediatr Urol 2013; 9 (1): 104–107. DOI: 10.1016/j.jpurol.2012.06.012.
- Barberan Parraga C, Peng Y, Cen E, Dove D, Fassassi C, Davis A, et al.. Paraphimosis Pain Treatment with Nebulized Ketamine in the Emergency Department. J Emerg Med 2022; 62 (3): e57–e59. DOI: 10.1016/j.jemermed.2021.12.011.
- Little B, White M. Treatment options for paraphimosis. Int J Clin Pract 2005; 59 (5): 591–593. DOI: 10.1111/j.1742-1241.2004.00356.x.
- Anand A, Kapoor S. Mannitol for Paraphimosis Reduction. Urol Int 2013; 90 (1): 106–108. DOI: 10.1159/000343737.
- DeVries CR, Miller AK, Packer MG. Reduction of paraphimosis with hyaluronidase. Urology 1996; 48 (3): 464–465. DOI: 10.1016/s0090-4295(96)00198-7.
- Shalaby M, Cascio S. Megaprepuce: a systematic review of a rare condition with a controversial surgical management. Pediatr Surg Int 2021; 37 (6): 815–825. DOI: 10.1007/s00383-021-04883-5.
- Smeulders N, Wilcox DT, Cuckow PM. The buried penis - an anatomical approach. BJU Int 2000; 86 (4): 523–526. DOI: 10.1046/j.1464-410x.2000.00752.x.
- Ruiz E, Vagni R, Apostolo C, Moldes J, Rodríguez H, Ormaechea M, et al.. Simplified Surgical Approach to Congenital Megaprepuce: Fixing, Unfurling and Tailoring Revisited. J Urol 2011; 185 (6s): 2487–2490. DOI: 10.1016/j.juro.2011.01.015.
- Rod J, Desmonts A, Petit T, Ravasse P. Congenital megaprepuce: A 12-year experience (52 cases) of this specific form of buried penis. J Pediatr Urol 2013; 9 (6): 784–788. DOI: 10.1016/j.jpurol.2012.10.010.
Dernière mise à jour: 2025-09-22 07:59